Géolocalisation des enfants : quels enjeux pour leur vie privée ?
22 septembre 2025
Les dispositifs de (Air Tags, traceurs GPS, montres ou jouets connectées, application ou fonction intégrée au smartphone etc.) sont parfois utilisés pour suivre les enfants. La CNIL rappelle les points de vigilance pour protéger leur vie privée.

Quelles questions se poser en famille ?
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Mesurer les avantages pratiques tout en ayant à l’esprit les risques en cas d’abus
Ces dispositifs sont souvent présentés comme un moyen de s’assurer en temps réel que l’enfant ne se trouve pas dans une situation « anormale ». La rassure les parents qui seraient alors plus enclin à laisser davantage d’autonomie à l’enfant.
Mais suivre la position d’un enfant en permanence peut aussi avoir des effets négatifs sur son développement et ses relations :
- Limiter son autonomie et sa capacité à évaluer les risques : anticiper à sa place un danger peut l’empêcher d’apprendre à se protéger seul ;
- Entrer dans son intimité : certains dispositifs comme les montres connectées donnent des indications physiologiques, sociales ou spatiales et peuvent permettre de surveiller la manière dont son enfant interagit en récréation, ou comment il se comporte en classe ou lors d’un examen ;
- Affecter la relation de confiance et le dialogue que l’enfant entretient avec ses parents un sentiment de surveillance permanente peut pousser l’enfant à s’autocensurer ;
- Associer la protection de sa vie privée à un sentiment de culpabilité : des questions comme « Pourquoi tu refuses que je te suive ? » peuvent faire sentir à l’enfant qu’il a quelque chose à cacher.
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Adapter ses besoins pour minimiser les impacts sur la vie privée de l’enfant
Ces dispositifs ont des conséquences réelles sur la vie privée de l’enfant. Il est donc nécessaire d’évaluer les fonctionnalités proposées au regard des besoins et des risques.
La géolocalisation en temps réel peut être très intrusive et présenter des dangers si des personnes malveillantes y ont accès. Il est conseillé de la désactiver lorsqu’elle n’est pas utile. Pour rester en contact avec votre enfant, un simple dispositif de communication suffit souvent : un téléphone sans connexion Internet, une montre communicante fonctionnant sans smartphone, etc.
Si vous utilisez une connectée, gardez à l’esprit qu’elle peut être détournée en cas de système mal sécurisé. Il est donc préférable de privilégier des solutions moins intrusives et de rester vigilant sur la sécurité de l’appareil et de l’application.
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Echanger avec son enfant dès lors que sa vie privée est impactée
Avoir recours à des dispositifs de géolocalisation comporte le risque d’habituer le mineur à être sous surveillance constante et ainsi à ne pas lui faire prendre conscience de la valeur individuelle et collective de la vie privée. Il est donc nécessaire, d’une part, d’en parler avec lui afin de l’informer clairement des modalités de cette géolocalisation et, d’autre part, d’obtenir son accord dès lors qu’il dispose d’une maturité suffisante pour pouvoir le donner.
Bien choisir un dispositif de géolocalisation
Afin de minimiser les risques pour votre enfant, soyez vigilant au moment de l’achat du dispositif de géolocalisation.
Le coût du dispositif ne reflète pas forcément le niveau de protection
Une montre connectée, un jouet connecté, une application ou un traceur GPS proposés à faible coût peuvent faire passer la vie privée au second plan et proposer des solutions techniques peu ou mal sécurisées. Toutefois, ce n’est pas parce que c’est plus cher, que cela assure une meilleure protection de votre vie privée. Si vous achetez un dispositif de seconde main, assurez-vous qu’il reçoive encore des mises à jour afin de corriger des failles de sécurité qui pourraient être utilisées par des pirates.
Transparence sur les données collectées et leur hébergement
Assurez-vous que le fabricant respecte la vie privée des utilisateurs, qu’il communique clairement sur le respect du RGPD et indique le pays où la société est établie. Certains signes montrent que le fabricant prend la vie privée au sérieux : par exemple, s’il indique ne pas transmettre les données à des tiers ou s’il fournit des coordonnées pour exercer vos droits sur vos données personnelles.
Ces informations n’étant pas toujours consultables avant l’achat, vérifier que vous disposez bien d’un droit de rétractation, notamment le cas lors d’un achat en ligne. Cela vous permet de consulter la notice et de vérifier que ces éléments y figurent. Ils doivent également être précisés dans la rubrique d’aide de l’application ou sur le site du fabricant, par exemple dans les mentions légales ou la politique de protection des données (parfois appelée « politique de confidentialité »).
La sécurité avant tout
Si le dispositif utilisé est une application présente sur un smartphone ou sur une montre connectée, demandez-vous s’il est possible de contrôler les données collectées, de désactiver certaines fonctions (par exemple, la géolocalisation), de protéger l’accès à l’appareil et aux services associés (application mobile, site web) grâce à un mot de passe solide ou un mode d’authentification complémentaire (avec un code à usage unique, par exemple).
En cas de doute, préférez un achat physique auprès de vendeurs spécialisés en mesure de faire tester le dispositif à l’acheteur et de donner des conseils techniques. Consultez également les bancs d’essais proposés par les associations de consommateurs, les commentaires des internautes dans les magasins d’application et plus largement les forums d’utilisateurs.
Focus sur les montres connectées à l’école
La loi du 3 août 2018 prévoit que, sauf circonstances particulières, l’utilisation d’un téléphone ou d’un smartphone par un élève est interdite à l’intérieur des écoles maternelles ou élémentaires, ainsi que dans les collèges. Cette interdiction peut également s’appliquer à une montre connectée si elle dispose des mêmes capacités de communication qu’un smartphone (ex. : carte SIM, connexion à un réseau WiFi, etc.).