5 arguments pour rappeler que la mise en ligne d’une photo de votre enfant n’est pas un acte anodin
La publication de photos de mineurs sur les réseaux sociaux pose de plus en plus la question de la responsabilité des parents. Elle a aussi des incidences sur la vie privée de leurs enfants. Voici cinq raisons pour lesquelles cette pratique devient de moins en moins recommandable.
1 - Parce que tout cela commence à devenir embarrassant…
Et les jeunes victimes n’hésitent pas à s'en plaindre ! Comme le relève une étude de l’université de Washington, les enfants sont bien plus vigilants que leurs parents sur la question de la publication de leurs photos. Un article du New-York Times donne même la parole à ces enfants et ados agacés à l'idée d'être le sujet préféré de leurs parents. Un hoax a même enflammé le web sur l'étrange histoire d'une adolescente qui aurait attaqué ses parents en justice pour avoir publié 500 photos d'elle sur Facebook. La réalité dépassera-t-elle la fiction ?
2 - Parce que la quantité de photographies est loin d’être négligeable
Dès le plus jeune âge, certains enfants se voient attribuer un « casier numérique » contenant potentiellement des centaines de photos qu’ils pourront difficilement effacer une fois adultes. Selon une étude relayée par 20 minutes, au Royaume-Uni, « les parents publient en moyenne près de 1 500 photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux avant que ces derniers aient atteint l’âge de 5 ans ». Une étude du Gece de 2018 pour faireparterie.fr indique que 59 % des parents ont déjà publié des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux, et 36 % en ont déjà utilisé comme photo de profil !
3 - Parce que derrière une photo se cachent des informations plus sensibles
Une photo prise depuis un smartphone puis publiée sur un réseau social comme Facebook, Twitter ou Instagram contient beaucoup de métadonnées (que la photo soit prise depuis un smartphone ou un appareil photo « classique ») et en dit long sur le sujet photographié. De nombreuses images abritent aussi plusieurs indications sur l’heure et la géolocalisation. Un chercheur américain a réalisé une carte à partir des photos de chats publiée sur Instagram et Flick’R. Une autre équipe a réussi à géolocaliser des dealers grâce aux coordonnées GPS et EXIF contenues dans leurs photos. Mais au-delà des métadonnées, une photo peut révéler les centres d’intérêt de votre enfant. Des informations précieuses à ne pas mettre entre les mains d'un individu malintentionné. Un article de FrAndroid explique, de façon assez simple, comment supprimer les données EXIF des photos.
4 - Parce que les parents sont censés protéger l’image de leur enfant...
... et c'est la loi française qui le dit ! La publication d’un cliché sans le consentement du parent est passible d’un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende… ce qui est moins évident si le parent est à l’origine de la publication ! Le site parodique Koppie Koppie l’a bien compris et s’amuse à imprimer aléatoirement des photos d’enfants sur des mugs pour les revendre en ligne dans le but de sensibiliser les plus imprudents.
5 - Parce qu’on ne sait jamais qui se trouve derrière l’écran
Certains parents n’hésitent pas à publier des photos de leur enfant entièrement dénudé sans envisager que d’autres puissent les interpréter différemment. Une porte ouverte pour les internautes malveillants qui détournent ces photos pour créer de faux profils, les partagent avec d’autres inconnus ou les diffusent sur des réseaux de pornographie infantile. La gendarmerie nationale n’a pas manqué de rappeler les plus téméraires à la plus grande vigilance, notamment lors du « motherhood challenge » en 2016. Le jeu consistait à publier 3 photos de son enfant et de nommer 10 de ses contacts pour relever le défi. Un jeu viral dont l'effet d'entrainement altère sensiblement les réflexes pour protéger l'intimité de l'enfant...